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Conception des Activités Physiques Adaptées à destination des séniors

BADER

Romain

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les Activités Physiques Adaptées, un outil thérapeutique d’intégration sociale:

Application chez la personne âgée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans nos sociétés actuelles dans lesquelles le culte du corps est de mise, le regard porté sur les personnes en situation de handicap est bien sûr différent en fonction des représentations des personnes mais globalement selon David Le Breton[1]« dans nos sociétés l’homme en situation de handicap physique n’est plus perçu en tant qu’homme à part entière, il est vu à travers le prisme déformant de la mise à distance ou de la compassion ». Au travers de ce regard des gens vis à vis du handicap, les personnes déficientes motrices ou mentales peuvent être parfois convaincues qu’elles ne sont pas capables et avoir une mauvaise image d’elles mêmes. Il apparaît donc bon, avant de vouloir essayer de changer le regard des autres par rapport au handicap, de changer en premier lieu le regard que la personne handicapée porte sur elle-même. Au travers des activités physiques adaptées, l’individu va avoir l’occasion tout d’abord d’axer son travail autour de ses capacités (ce dont il est capable) afin de les mettre en avant, ce qui pourrait permettre par la même occasion d’augmenter l’estime qu’il a de lui même.

Les APA sont définies par Clermont Simard[2] comme « un moyen malléable et construit par un professionnel en fonction des besoins du patient et d ‘une institution. Les APA sont ce que chacun en fait avec comme point de départ la richesse des activités physiques et sportives et l’indispensable adaptation ». Le point de départ des APA serait donc selon lui les activités physiques et sportives que l’on pourrait adapter singulièrement à tout type de public en fonction de ses attentes, de ses besoins. C’est en cela que les APA sont intéressantes selon moi, c’est qu’elles n’excluent personne. Elles sont enseignées « à la carte » et permettent à tout type de public de pratiquer et de bénéficier de ses bienfaits.

 

Pour moi, les APA vont permettre à la personne handicapée une intégration sociale mais pas seulement. En effet, par la mise en mouvement régulière du corps, l’activité physique adaptée va agir sur la personne comme un outil thérapeutique qui aura un impact aussi bien sur le mental que sur le physique.

 

Pour illustrer ma conception sociale et thérapeutique des Activités Physiques Adaptées, je vais utiliser l’exemple de la personne âgée.

Cette conception personnelle est venue d’un événement de ma vie personnelle. Mon grand-père était un grand fumer mais les effets du tabac ne se faisaient pas encore ressentir chez lui tant qu’il était actif et qu’il travaillait. Mais la retraite l’a un peu sorti de son activité. Il s’est mis à faire de moins en moins d’effort et ses poumons se sont peu à peu détériorés jusqu’à ne pratiquement plus fonctionner. Cette détérioration a été provoquée par le vieillissement mais s’est bien sûr accentuée par l’exposition à un facteur très aggravant qu’est le tabac. C’est dans cette période difficile que m’est venue l’idée de travailler avec un public de personnes âgées dans le but premier serait de leur proposer une activité physique adaptée à visée préventive (maintenir l’habitude de l’effort par exemple) ce qui induirait des effets thérapeutiques mais également sociale car le maintient de liens sociaux peut se faire par les APA.

En France, l’espérance de vie ne cesse de croître et le nombre de personnes âgées augmente sans cesse. Seulement, je pense qu’il faut reconsidérer cette idée « d’espérance de vie » et la remplacer par « espérance de vie en bonne santé » car quel est l’intérêt de vivre 100 ans si les dernières années de notre vie n’ont été que soumission à notre quotidien ?

«La sénescence n’est pas une pente que chacun descend à la même vitesse. C’est une volée de marches irrégulières que certains dégringolent plus vite que d’autres. » selon HOWELL. Elle

 est due à quatre causes majeures : organique, psychologique, sociale, comportementale.  

En agissant sur ces quatre facteurs dans le cadre des activités physiques adaptées, il est possible d’augmenter la qualité de vie, l’espérance de vie en bonne santé et le recul du seuil de dépendance. Quand on sait qu’en France, on comptait 971 000 personnes âgées dépendantes (plus de 60 ans) en 2006, je pense que ce domaine n’est pas négligeable.

 

Une personne âgée est « une personne dont l’âge est avancé et qui présente des attributs physiologiques et sociaux de la vieillesse tels que la société se les représente ».

Pour DELANNET[3], la vieillesse est « une situation existentielle de crise résultant d’un conflit interne expérimenté par l’individu entre son aspiration naturelle à la croissance et le déclin biologique et social consécutif à son avancement en âge ». De part sa définition, il identifie trois conflits pouvant expliquer cette crise : une crise d’identité, une crise d’autonomie et une crise d’appartenance sociale.  Les APA sont un moyen de contrer ses crises.

C’est généralement après l’âge de la retraite que l’on parle de « personne âgée ». Or, à cette étape de la vie où l’on interrompt définitivement notre activité professionnelle, il n’est pas rare de rompre les liens sociaux qui nous liaient avec d’autres personnes. La personne âgée entre parfois dans un processus d’isolement.

L’aspect social, par une pratique ludique, diversifiée et ciblée va permettre à la personne de garder des liens sociaux (que ce soit avec le professeur en APA ou avec les autres pratiquants). La motivation viendra du fait que l’activité lui plait, qu’il y a des moments de partage et de plaisir. Cette motivation dans les Activités physiques adaptées sera un tremplin à prendre pour une motivation dans la vie caractérisée par un meilleur moral au quotidien.

Par des activités de gym douces, de relaxation, de sophrologie, de gym pilates… on peut apprendre à la personne âgée à écouter son corps et à en prendre soin en se le réappropriant. Ces techniques ont l’avantage de ne pas demander un coût énergétique trop important par rapport aux bienfaits qu’elles peuvent apporter.

 

Je pense donc que par les APA, l’intégration sociale ou la réintégration sociale peut se faire.

 

Les APA ont également pour moi une fonction thérapeutique indirecte. On peut reprendre les termes de VAN COPPENNOLLE[4] qui pense que « leur objectif n’est pas thérapeutique mais la mise en mouvement peut elle avoir des effets secondaires thérapeutiques ».

Je pense que l’Activité physique adaptée n’est pas une thérapie mais que par ses effets, ses objectifs, ses résultats… elle peut devenir un outil dont les bénéfices peuvent s’apparenter à des effets thérapeutiques.

 

Cette idée de bien être et d’indépendance peut donc être développée par les APA.

De nombreuses études (Chatard et al., 1994 ; Heakth et al., 1981 ; Hepple et al., 1997) ont montré l’effet positif de la pratique régulière d’une activité physique et sportive sur le processus de vieillissement et en particulier sur l’aptitude physique aérobie.

RAMANANTSOA et LEGROS[5] affirment qu’il est prouvé « qu’en ce qui concerne la VO2 max, à partir de 30 ans, elle diminue d’environ 10% toutes les décennies. Travailler en APA la VO2 max ne permettrait pas de l’augmenter mais permettrait une perte maximale de 5% tous les dix ans », ce qui n’est pas négligeable.  Or, on sait que cette baisse de la VO2 max va peu à peu conduire l’individu à un essoufflement plus rapide dans ses tâches quotidiennes jusqu’à ne plus pouvoir réaliser certaines actions par manque de capacité ventilatoire.

Autre exemple possible, la fonction cardio-vasculaire. Au cours du vieillissement, on va observer chez la personne âgée une diminution de la fréquence cardiaque maximale à l’exercice. Or, cette diminution est directement en lien avec une diminution du volume d’éjection systolique qui elle même vient d’une réduction progressive de la force de contraction du myocarde. Tout cela engendre à terme une diminution du débit cardiaque maximal qui va lui même engendrer une diminution de l’apport d’oxygène aux muscles qui va limiter la VO2 max. En travaillant l’endurance chez les personnes âgées, on va pouvoir augmenter le volume d’éjection systolique maximal et donc augmenter l’aptitude aérobie.

Au cours du vieillissement, les muscles de la cage thoracique vont peu à peu fondre, l’élasticité du tissu pulmonaire va elle être réduite provoquant une diminution de la capcité ventilatoire.

En ce qui concerne les muscles, on observe une sarcopénie (perte de masse musculaire) correspondant à 10% par décennie après 40 ans. Celle-ci engendre une baisse de la force musculaire progressive dans tout le corps. Or, une activité physique régulière chez ce public permettrait de réduire cette fonte de muscles par des exercices de musculation adaptés par exemple. Cet exercice physique pourrait permettre à l’individu de maintenir une force musculaire suffisante à une autonomie plus longue dans sa vie quotidienne.

Tous ces effets du vieillissement sont irrémédiables mais apparaissent plus ou moins vite en fonction de facteurs génétiques, organiques mais aussi en fonction de l’activité physique de la personne. Selon le Gouvernement du Québec[6] « À tous les âges, la pratique régulière et adaptée d'activités physiques permet d'accroître la longévité et de conserver son autonomie plus longtemps ».

 

 

Un autre aspect que l’on peut prendre en compte chez les sujets âgés par l’intermédiaire des activités physiques adaptées et l’aspect psychologique. En vieillissant, le sujet va perdre au fur et à mesure certaines de ses capacités physiques comme on vient de le voir. Or, ce moment arrive généralement après la retraite quand l’individu n’intervient plus de manière active dans la société. A ce moment de la vie, l’estime de soi des personnes âgées tout comme leur moral, sont au plus bas, il y a une perte d’identité. Ils se sentent incapables, éprouvent des difficultés à faire le deuil des capacités physiques qu’ils perdent avec le temps. Dans les activités physiques adaptées, il va être question de redorer l’estime de soi de ces personnes en leur faisant accepter qu’elles ne seront peut-être plus capables de faire comme elles faisaient avant mais qu’elles peuvent encore faire d’une autre manière.

Les pratiques d’Activités physiques adaptées vont permettre à la personne maintenir une certaine autonomie fonctionnelle. Celle-ci induira forcément sur son moral.

 

Les personnes âgées sont assujetties aux chutes qui peuvent provoquer des blessures et dans des cas les plus graves la mort de l’individu, c’est ce qu’affirme Anne VUILLEMIN[7] « En France, un tiers des personnes de 65 ans ou plus chutent au moins une fois par ans (…) pour atteindre 50% de la population après 80ans » . A partir de ce constat, les activités physiques adaptées peuvent faire office d’outil de prévention. On peut ainsi y apprendre à se relever à moindre effort au minimum et mieux encore, à réduire la vitesse d’apparition des dégradations organiques vues précédemment peut limiter ce risque de chute.

 

 

Pour conclure, je pense que les Activités Physiques Adaptées vont être de plus en plus utilisées dans les années à venir. Seulement, le problème pour le moment est que ce public n’est pas conscient qu’une activité physique régulière peut modifier d’une manière considérable la qualité de vie et l’espérance de vie en bonne santé. Par une activité physique adaptée, la personne âgée va se sentir mieux dans son corps, être autonome plus longtemps, avoir une meilleure estime d’elle et un meilleur moral, réduire les risques d’apparition de maladies… Même après 80 ans, des progrès sont toujours possibles. Il vont permettre à la personne de vivre dans de meilleure condition sa vie quotidienne, tout cela dans la quête d’un quotidien plus confortable et moins contraignant. L’aspect social est aussi à prendre en compte dans les APA car ce public est assez fragile psychologiquement, se pose beaucoup de questions. Il faut savoir, dans le cadre des APA, être à l’écoute de ces individus pour qu’ils se sentent en activités et en confiance.

 

 

Bibliographie.

 

Marie-Thérèse DELANNET, Education des adultes vieillissants : Corps, vécu du temps présent et intégration sociale, 1998.

 

Claude PERSET, Bien vieillir ! Remèdes à l’usure mécanique du corps

 

M.-M. RAMANANTSOA, P.LEGROS, Activités Physiques Adaptées, apports scientifiques, 1999.

 

Jean-François RAVAUD et Michel FARDEAU, Insertion sociale des personnes handicapées : méthodologies d’évaluation, 1994.

 

Clermont SIMARD, Fernand CARON, Kristina SKROTZI, Activité physique adaptée, 1988, Chapitre 1 et 3

 

Henri-Jacques STIKER, Corps infirmes et sociétés 1997, chapitre 6 «  la naissance de la réadaptation », p.126.

 

Cours de L2 de Anne Vuillemin, Vieillissement et Motricité.

 

http://www.cofemer.fr/article.php?id_article=657

 

« www.kino-quebec.qc.ca 

 

 

 

 

 

 

 



[1] David LE BRETON, « Viser l’excellence personnelle » dans désinsulariser le handicap (sous la direction de Charles GARDOU et Denis POIZAT), édition érès, 2007

[2] SIMARD, « APA », Maurin éditeur, 1987

[3] Marie-Thérèse DELANNET, Education des adultes vieillissants ; corps, vécu du temps présent et intégration sociale, Septentrion presse universitaire, 1998.

[4] VAN COPENNOLLE, Cours L3 Conception de Pépin C.

[5] RAMANTSOA et LEGROS, Activités Physiques Adaptées, apports scientifiques, 1999, Thème 3.

[6] Gouvernement du Québec dans « www.kino-quebec.qc.ca »

[7] Anne VUILLEMIN, Cours de L2, « Vieillissement et Motricité ».

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